lundi 22 avril 2013

Entretien avec Francine Ayessou Komla, Ecrivaine.

« Pour moi, écrire, c’est à la fois m’amuser, distraire et interpeller… »
   
Francine Ayessou Komla. Le nom ne vous dit sans doute pas grand-chose mais le monde littéraire
africain, togolais en particulier, devrait compter avec désormais. Les prochaines années notamment.
Elle écrit en plein temps. "Pas sept jours sur sept, mais je n’en manque pas l’occasion"
confie-t-elle à Tribune d’Afrique. Pour elle, écrire, c’est aussi s’ouvrir. Belle, charmante et déterminée,
elle s’aventure sans crier gare dans le monde des écrivains. Un monde connu pour son machisme, son
excessive "masculinisation", en Afrique. Avec son premier, Les tumultes de vies aux éditions Panthéon,
cette togolaise n’entend plus s’arrêter. Son côté spirituel, son attachement à certaines valeurs africaines,
sa sensibilité humaine et sa vision du monde, tout s’y lit, de façon presque linéaire. Trentenaire,
des études de journalisme en France, cette mère de famille esquive la politique, " je n’attends pas grandchose de la politique, je crois qu’un engagement social peut être plus utile". Pour l’instant, ses deux
enfants occupent son quotidien, entre lectures spirituelles et une obsession, "faire des séances dédicaces
en Afrique, au Togo". Mais pour l’instant, les invitations lui viennent davantage de l’Europe… où
elle vit depuis une quinzaine d’années, bien loin de l’Afrique. Mais l’Afrique, elle y pense tous les jours.


*Vous êtes écrivaine togolaise, qu’est ce qui peut amener aujourd’hui à l’écriture une africaine? on a souvent pensé qu’écrire est un luxe…
-Balivernes! Il faut démystifier cette idée d’où qu’elle vienne, c’est de la duperie. Une africaine "regorge"
de richesses culturelles et de connaissances qu’elle peut transmettre par écrit. On dit qu’en Afrique quand un vieillard meurt c’est tout une bibliothèque qui brûle, vous rendez vous compte d’une africaine (mère de ce vieillard africain) qui mourra sans avoir laissé d’écrit ? Une vraie perte. Le véritable problème en Afrique est que l’on n’a pas souvent donné l’opportunité et les moyens aux femmes de s’exprimer. Heureusement, les choses commencent à évoluer. Les africaines n’ont rien de moins que les autres. Après
tout, l’écriture vient de l’Afrique…

*
La question qu’on a envie de poser à un écrivain, c’est poourquoi ecrire ? pour éduquer,
orienter, influencer, divertir, guérir ?
-Vous avez donné la réponse. C’est tout cela à la fois : éduquer ceux qui sont dans l’ignorance, orienter ceux qui sont perdus, influencer ceux qui s’affaiblissent, divertir ceux qui sont stressés, et guérir les esprits abattus… 
*Pour vous, à partir de quand 
a eu lieu le clic du départ ? a quel moment avez-vous pensé :
je serai ecrivaine ?
-Chaque fois que j’ai eu envie de crier haut et fort contre l’ injustice, chaque fois que j’ai eu envie de venir en aide à ceux qui souffrent en silence dans un coin, oubliés et abandonnés par la société qui leur aura
confisqué le droit de 
s’ exprimer, le désir de prendre la plume brule en moi. Et cela a commencé
depuis mon adolescence. Je me suis toujours sentie concernée, on ne peut pas vivre dans une
société sans être engagé ; le choix revient à chacun de savoir comment impacté son entourage ; ou
quel rôle jouer dans la société. Ne laissons pas la société nous faire, faisons la société !

*Comment devient-on écrivaine? En se levant et en publiant un livre ou c’est une vocation qui nécessite qu’on s’y prépare ? Qu’on s’y donne ?
-Je pense que toute personne qui a un message à transmettre peut écrire, mais pour devenir un écrivain au sens propre du terme il faut une vocation. Une formation à l’écriture sera également adéquate et nécessaire pour acquérir les techniques, et un style, pour un travail excellent. Il y a des écoles de lettre, l’école de la vie et en travaillant soi même (l’auto-formation ou le « self-made »). Il faut aussi beaucoup lire et voir ce que les autres font pour affiner son propre style.

*"Les tumultes de vies", votre dernier roman vient de paraitre. Une dizaine d’histoires, de l’invraisemblable à la réalité… pour vous, un roman est plus original à partir de sa part de fiction ou celle de réalité ?
-Je voudrais préciser que c’est mon premier roman ayant fait l’objet d’une publication et c’est le premier
tome d’une longue et émouvante série à venir.Pour répondre  à votre question, je dirai que l’originalité de mes écris ressort de leur part de réalité mixée avec le chimérique. Ceux sont des  histoires que les uns et les autres vivent au quotidien. Et c’est en même temps dans mon imagination que tout cela se passe. C’est à la foi vrai et fictif.

*
Qu’est-ce que vous dites de votre dernier roman ? En quelques phrases, comment
 résumez-
vous le contenu, même s’il s’agit de nouvelles ?
-"Les tumultes de vies" est un roman à lire pour s’évader ou pour se retrouver…. C’est du vécu au
chimérique, de l’authentique à l’hérétique, du pratique à l’abstrait.

*Dans une afrique à l’épreuve 
des guerres et de la misère, dans une afrique à moitié
analphabète, 
à quoi sert un livre ?
-La lecture éduquera aussi bien nos analphabètes que nos intellectuels; elle influencera nos mentalités
qui, une fois changées, nous conduiront à la paix tant recherchée. Elle est enfin un moyen dedivertissement et de culture. "La culture étant ce qui reste quand on a tout oublié".

*Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées tout au long du processus qui a abouti à la publication de "Les tumultes de vies"?
-Pas plus qu’il ne faut : j’ai aiméécrire ce livre et j’ y ai consacré le temps qu’ il faut avec passion. Ensuite,
par la grâce de Dieu j’ai pu trouver les moyens pour le faire publier. Je rends plutôt gloire à Dieu.

*Vous vivez en Hollande, estce que cela n’est pas un atout pour écrire ? Est-ce que vivre en
Europe ne facilite pas une telle carrière ?
Je ne saurais le dire parce que je n’ai pas expérimenté cela enAfrique.

*"Les tumultes de vies" porte 
un message spécial ? Lequel ?
-Malgré les vicissitudes de la vie, il faut continuer, il faut aimer la vie et vivre pleinement chaque jour
que le Bon Dieu nous donne. Revenir sur des valeurs anciennes que l’on considère archaïques ou
démodées qui sont pourtant vitales, indispensables à la survie de cette ère et de l’humain.

*Quels sont vos projets littéraires pour les années à venir ?
-"Les tumultes de vies" est une série dont le premier vient de paraître; le prochain tome est en cours. J’ai en projets d’autres romans qui sortiront au fur et à mesure de leur finalisation…

Propos recueillis par Ebo Léonel
Tribune d’afrique, le Journal de l’Espace UEMoa -N°111 du 12 avril 2012



jeudi 18 avril 2013

LE TRAVAIL DE DEMAIN…




Il m’arrive rarement d’aborder ici des sujets aussi sérieux et pertinents
que celui-ci. Mais il reste une réflexion personnelle, subjective donc, sur
le travail de demain. Réflexion inspirée d’un document que j’ai lu dans
le vol Royal Air Maroc qui m’amenait le 19 mars dernier de l’Aéroport d’Orly
à Rabat.
Revenons au sujet, le travail de demain. Dans un siècle, nous saurons,
si le rythme est maintenu, 327 fois plus de robots qu’aujourd’hui selon une
prévision de la CIA (Service secrets américains). Dans ce cas, tout sera
fait par des robots. Majordome, cuisinier, jardinier, facteurs (si le courrier
existe encore), et même certains métiers délicats comme l’enseignement,
la sécurité publique, le pilotage d’avions et peut être même que nos gouvernements
seront constitués de robots, qui sait ? Ce qui est certain, la
nature et le mécanisme du travail changeront. On ne travaillera plus
comme maintenant. La manière de travailler va changer mais aussi la valeur
et la nature du travail. Quand les robots seront là à tout faire, que ferions-
nous ? Le travail sera-t-il encore utile ? Plusieurs réponses
surgissent dans ma tête sur cette question.
Il n’est pas possible, à l’allure où vont les choses aujourd’hui, de vouloir
contrer l’arrivée massive de robots sur le marché de l’emploi. Si cela continue
d’ici un demi-siècle, le nombre de postes remplacés par l’usage de robots
sera divisé par trois, systématiquement. A la longue, il ne nous sera
plus utile de travailler, les robots feront tout à notre place, alors, que ferions-
nous ? Le travail ne sera plus utile, nous serions sans doute libre de
travailler ou non et le travail ne sera plus, comme c’est encore le cas aujourd’hui,
une obligation, mais un choix. Certains choisiront de travailler
par passion et même par fainéantise (la forme du travail aurait changé et
s’assimilerait dans beaucoup de cas à un repos, à une distraction), beaucoup
ne travailleraient plus et même s’ils veulent travailler, même bénévolement
et sans salaire, personne ne voudrait de cette main d’oeuvre
gracieuse. Que ferions-nous ? Voyager, nous amuser à longueur de journée
? Retourner à des activités traditionnelles anciennes ? Il est périlleux
de prédire l’avenir du travail dans cette condition, ce qui est certain, travailler
ne sera plus la règle, mais l’exception, sans doute. Je veux bienm’imaginer dans ce monde-là !
Ce qui n’est pas à exclure aussi, c’est que les hommes, dans un géant
mouvement mondial, se soulèvent contre les robots, les détruisent tous et
que. Ce qui n’est pas à exclure aussi, c’est que les hommes, dans un géant
mouvement mondial, se soulèvent contre les robots, les détruisent tous et
que l’homme retourne pleinement au travail. Si cette formule est envisageable
dans les grandes entreprises, elle est utopique pour les petites et
moyennes entreprises qui pourtant, emploient le plus grand nombre de travailleurs.
Un tel mouvement a donc peu de chance d’aboutir.
Une autre option à ne pas exclure totalement, c’est que le contenu du
travail change et plutôt que d’être "capitalisé" et "libéralisé", il soit humanisé
et devienne plutôt une valeur symbolique. Et non plus la folie du rendement
qu’il est aujourd’hui. Au lieu de demander à une entreprise de 30 Chinois
de produire suffisamment du riz pour nourrir la moitié d’un pays africain,
on lui demandera d’en produire autant qu’il sera nécessaire pour nourrir
quelques familles chinoises. La règle de la surexploitation et de la production
illimitée qui caractérise le rendement aujourd’hui cèdera à la norme du
raisonnable. Tout le monde travaillera suffisamment pour produire ce qu’il
lui faut ou répondre à ses propres besoins, pas plus. Parce que le surplus
ne servira à rien d’autant plus que le niveau du perfectionnement de la production
serait élevé par les capitalistes qui dirigent aujourd’hui le monde,
au point où on fera dans 50 ou 100 ans dix fois moins d’effort qu’aujourd’hui
pour produire autant que de nos jours. Les relations humaines vont-elles
même changer, totalement !!!
Ce sont là, juste, quelques réflexions, qui n’auront sans doute au moment
venu, aucune relation avec la réalité… Prédire n’ayant jamais dit vrai
dans notre monde où il suffit d’une petite découverte pour que tout se bascule,
que tout change. Mais je crois qu’il faille ouvrir le débat sur le travail
de demain, pour ne pas être surpris de ne plus pouvoir travailler car si le
rythme et les contextes se maintiennent, dans un petit siècle, travailler sera
un grand luxe réservé à quelques petits lobbies de privilégiés. Je veux me
tromper !!!

MAX SAVI Carmel                                                                                                                                             Tribune d' Afrique