dimanche 19 mai 2013

Togo, un incendie sans fin:


Après les flammes du cafouillage, les auteurs étouffent la fumée… L’entre-les-lignes d’un rapport aux braises ardentes


L’ANC, Alliance Nationale pour le Changement, principal parti de l’opposition togolaise et le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique basé à Paris réclament, l’un à travers un communiqué et l’autre par un courrier au Quai d’Orsay, la publication du rapport des experts français. Ayant sommairement pris connaissance
du contenu du rapport, Tribune d’Afrique livre ses conclusions et revient sur l’embarras du président togolais.

Depuis plusieurs mois, la société civile, la presse locale et les partis politiques togolais exigent la publication du rapport fourni par les deux Français. Venus aussitôt après les incendies, ils ont travaillé du 19 au 26 janvier sur les sites incendiés, à la demande du gouvernement togolais. Les experts français ont séjourné plusieurs jours dans le pays avant de quitter Lomé. Ils ont rendu leur rapport à la section Afrique du ministère des affaires étrangères fin février. Ils l’ont rendu début mars, entre le 3 et le 5, après un compte rendu précis sur leur mission, envoyé au Quai d’Orsay autour du 17 février 2013. Copie a été faite le lendemain
à Nicolas Warnery, ambassadeur français à Lomé qui en a discuté le 11 mars avec Faure
Gnassingbé avant que le 14 mars, le rapport n’atterrisse sur la table du président togolais. Il en a pris une connaissance rapide et depuis, plus rien. Le rapport n’ayant pas d’emblée confirmé les inventions des enquêteurs locaux, togolais, sur cette affaire, il a été classé
dans le secret, parce qu’il fallait trouver une solution palliative, d’où l’idée d’un mystérieux Shlomo Maor dont le rapport tombé du ciel, met un peu de l’eau dans le vin. Ce qui, sans blanchir les vrais coupables qui ont jeté en prison une chaine d’innocents permet au moins d’arriver à la rapide et active conclusion du procureur de la république selon qui, avec l’appui du rapport Maor, "il y a lieu de faire observer que ces rapports sur l'origine et les causes des incendies survenus dans notre pays courant mois de janvier 2013, confortent la procédure en cours qui a retenu pour qualifications principales les destructions volontaires par incendie ou explosifs". A Paris, auprès du Quai d’Orsay, mais aussi entre l’ambassade de France à Lomé et celle d’Israël près le Togo, Tribune d’Afrique a fait son enquête. Avec sa principale source au Quai d’Orsay, il prend connaissance des grandes lignes du rapport des français et tente quelques explications risquées.

Shlomo Maor, le fantôme qui s’invite dans le feu…

L’arrivée des experts français a été annoncée par un communiqué sans ambiguïté de l’ambassade de France à Lomé. Lequel communiqué donne même quelques informations sur leur identité. Hervé Bazin est ingénieur. Chef section de feu au pôle des mesures physiques
et des sciences de l’incendie du laboratoire central de la préfecture de Police, il est expert
près la Cour d’Appel de Paris. Sa compétence est sans aucun doute. Il a travaillé sur une multitude d’incendies tous azimuts en France et est régulièrement sollicité par la police. Son acolyte, François Deblasi est responsable de la cellule d’investigation de la brigade des
sapeurs-pompiers de Paris. Il a l’expérience du feu avec lequel il frotte depuis un quart de siècle. Des flammes, il connait tout secret ou presque. L’expert Shlomo Maor, qui selon nos investigations auprès de l’ambassade d’Israël n’a pas été officiellement envoyé par son pays
est un fantôme qui s’invite dans le feu. Et entre les deux experts français, il esquisse ses conclusions calculées, en "juif" bien malin. Allons au sérieux. Cet expert n’a existé qu’au dernier moment du processus.                                                                                                                 Cité pour la première fois par le procureur de la République Essolissam Poyodi, le 24 avril 2013, il n’est connu de personne. Ni l’ambassade de France qui s’est occupée de l’arrivée de la délégation française d’experts, ni mêmes les nombreux accusés dont certains croupissent encore dans les prisons de Lomé n’ont eu, à aucun moment, connaissance de son existence. Quand Tribune d’Afrique a contacté la représentation de l’Etat hébreux à Abidjan (la même
ambassade dessert Lomé), la réponse du service de coopération est attendue, "nous ne fournissons pas à la presse de pareilles informations". Nous saurions plus tard que d’informations, l’ambassade elle-même n’en avait que peu, sinon pas du tout sur cet aventurier du feu. A Paris, on est plutôt embarrassé. « Quand le rapport de
nos experts est parvenu au gouvernement togolais, Lomé nous a fait cas de cet Israélien qui aurait lui aussi fourni un rapport » précise une source proche de l’enquête au Ministère français des affaires étrangères. A aucun moment, le Togo n’a informé la France d’une
démarche parallèle. Au Quai d’Orsay, on ne comprend pas pourquoi les deux équipes n’ont pas pu travailler ensemble pour "une mise en commun des expertises et de l’efficacité".
Ce à quoi le gouvernement togolais a répondu bien plus tard que " c’est pour disposer de la
contradiction et varier les points de vue".Mais le besoin de la contradiction n’est pas utile pour plusieurs raisons. D’abord il s’agit d‘une expertise. Le meilleur choix aurait été que les contradictions se fassent dans une même équipe et que les conclusions s’affrontent à l’interne
pour fournir à l’opinion des éléments fiables qui ne soient plus sujets à confusion. Ensuite, si le gouvernement togolais a écarté l’idée d’une commission internationale d’enquête, il n’aurait aucun alibi à accepter un enquêteur solitaire et singleton qui, dans l’ombre du secret le plus total fournisse un rapport qui, à plusieurs niveaux, nuance les affirmations des experts français. Enfin, quand on lit les extraits du rapport des experts français dont nous avons pris connaissance, on a l’impression, en écoutant le procureur de la République le 24 avril, que l’Israélien est en mission de contradiction permanente sinon de fines nuances qui multiplient les pistes et sèment du doute sur le travail des français qui a l’air bien "sérieux".
Shlomo Maor a ensuite travaillé tout seul alors que par définition, une commission n’est
pas une oeuvre solitaire et ne peut se constituer d’une seule personne. Le risque de subjectivité est ici très élevé. Cet Israélien serait venu dans le plus grand secret, puisque contrairement aux Français, son arrivée n’a pas été annoncée. Il a été retenu sur proposition des Renseignements Généraux qui ont une bonne coopération depuis de nombreuses années avec tel Aviv pour les écoutes téléphoniques illégales. Dans nos diverses recherches, cet expert n’est connu que du Togo. Aucune de ses expertises précédentes n’ont laissé de traces et le procureur n’a pu fournir aucune information sur son identité à l’exception
d’un nom à connotation bien sûr hébraïque. Jusqu’à ce jour, les experts français n’ont pas reçu copie du rapport de l’israélien et le Quai d’Orsay ne semble pas en savoir plus que ce qu’a dit le procureur. Mystère est doublé d’une opacité, qu’entretient l’Etat togolais qui refuse de publier et le rapport de l’Hébreu et celui des gaulois.

Ce qui ressort du rapport des Français…

C’est dans un café aux invalides que nous reçoit notre Source. Fonctionnaire au ministère français des affaires étrangères depuis une dizaine d’année, il connait bien l’Afrique et fait partir de la demidouzaine de personnes qui ont pris connaissance du rapport des français
avec le ministre Laurent Fabius qui s’est contenté d’en lire un compte rendu succinct. Le Togo n’intéresse pas particulièrement au moment où le gouvernement socialiste est au bas de l’échelle de côte de popularité et que le chômage bat son plein ; conjugué à une crise économique sans répit. Notre première question est de savoir pourquoi la France hésite à publier le rapport ? Réponse sans équivoque, " dans une telle convention, c’est le pays demandeur qui fait du rapport ce qu’il veut et qui décide de le publier ou non", selon le fonctionnaire qui a promisque, " sans l’aval de Lomé, Paris ne publiera jamais ce rapport". Il
s’agit là de principe. Il allume son Ipad et évoque avec nous des aspects troublants dudit rapport. Troublants ? Pas trop puisque les experts ne devraient pas identifier des coupables. Ils se sont attablés à la nature de l’incendie, sa manifestation, la vitesse du feu, les éléments
qui ont favorisé un ravage aussi important. "La lenteur à intervenir pour faire face au feu, l’impréparation et la panique justifient que le feu soit allé aussi loin" évoque notre source. Il faut ajouter que les incendies ont lieu essentiellement la nuit et que les sapeurs-pompiers
togolais ne disposaient de rien ou presque. Même pas d’eau. Les experts ont une certitude quasi absolue, les marchés de Lomé et de Kara seraient incendiés par le même réseau ou les mêmes criminels. Diverses analyses ont permis de savoir que la méthode utilisée est la même, déclencher l’incendie au milieu du marché, à une zone sensible ciblée. Il évoque l’usage de sachets fermés de kérosène, ce qui a nécessité un travail minutieux en amont.
Contrairement à ce qu’on peut penser, le rapport des experts français n’indexent personne et se contente de faire des conclusionsn"plausibles et concluantes à partir d’éléments d’enquête et d’observations scientifiques", selon une diplomate française à Lomé. Le constat est confirmé par notre source au Quai d’Orsay. "Il s’agit d’un travail de scientifique, qui ne
révèle rien de certain". La source pense que ce rapport ne permettra pas de blanchir les personnes arrêtées "mais balaie une grande partie du dossier tel que monté actuellement
par les autorités togolaises". Mais à lire le rapport de près, de "sérieux doutent planent
sur la culpabilité de personnes détenues en ce moment dans l’enquête" selon la même source, " sans innocenter personne". Les Français, qui contrairement au mystérieux Israélien ont travaillé sur d’autres incendies que ceux des grands marchés de Lomé et de Kara ont déploré le fait qu’on ne leur a pas permis d’échanger "librement" avec les personnes supposées impliquées et mises aux arrêts. Ils espéraient qu’une confrontation et même une tentative de reproduction des faits leur permettrait de confirmer certaines réponses. Il leur a été répondu qu’ils ne sont pas chargés de remplacer la justice. Ils regrettent aussi le fait de ne pas avoir accès aux éléments de la scène de crime tels qu’elle était juste après les incendies. "Ils n’ont eu que des photos alors que des prélèvements ont été faits avant leur arrivée". Notre source s’agace d’une "volonté délibérée d’obstruction à une enquête
parfaite". Le rapport fournit par les français donnent quelques précisions dont les plus importantes sont contredites par l’intrusion de l’Israélien. Par rapport au liquide utilisé,
les français évoquent un produit inflammable et précisent qu’il devrait s’agir de kérosène.
L’Israélien lui, veut s’en tenir à l’essence et justifie cela par "des vapeurs de benzène". Cet élément est d’autant plus important que les partisans d’un incendie orchestré par le gouvernement insistent sur le fait que le kérosène à Lomé n’existe que dans les réserves de
l’aéroport international Gnassingbé Eyadema, lequel est tenu par l’administration publique proche du régime et les Forces Armées Togolaises. En jetant le flou par l’éventuel usage de l’essence, les mains autrement puissantes veulent soutenir l’hypothèse selon laquelle le feu pourrait venir du camp de ceux qu’ils accusent, c’est-àdire l’opposition dont plusieurs militantscroupissent en prison. L’un d’entre eux vient même de rendre l’âme dans des conditions suspectes et floues. Si les experts français pensent qu’une même équipe pourrait être à la base des deux incendies et pensent que les pyromanes n’y arriveraient pas sans "une complicité administrative importante", notamment de ceux qui sont chargés de la sécurité des marchés, l’Israélien veut croire à des groupes de criminels crapuleux, histoire d’indexer facilement des gens proches de l’opposition. Les experts français pensent aussiqu’il y a une coordination entre les diverses équipes et n’excluent pas le fait que ce soit l’oeuvre d’une même équipe de "criminels solides et organisée". Cette piste se rapproche de plus en plus de celle supposée d’implication d’agents de force de l’ordre, encore qu’un gendarme surpris par des populations de la ville de Lomé tentant de mettre le feu a disparu de la chaine de l’enquête. Les conditions dans lesquels des marchés d’Adidogomé et de Hédzranawoé, etc. dans la ville de Lomé ont pris feu avant que l’incendie ne soit maitrisé restent mystérieuses alors même que des forces de l’ordre étaient massivement présentes sur les lieux. Les Français ont aussi déploré la difficulté à interroger les premiers témoins. Agents de sécurité,
agents de force de l’ordre, gardiens de marchés, etc., la pression ayant été délibérément mise sur eux pour qu’ils ne témoignent pas. La lecture des fiches qui ont précédé le rapport a permis au parti socialiste français de se faire son idée de la crise et aussitôt de publier un communiqué demandant la libération des personnes arrêtées… la réponse de l’exécutif togolais fut ferme et prompte. C’est la diplomatie des nerfs.

Inquiétudes et supputations

Plusieurs faits ont suscité des inquiétudes sérieuses. D’abord, le fait que malgré la présence
policière aux alentours des principaux marchés, aucune arrestation en fragrant délit n’ait eu lieu. Pire, certains marchés ont été incendiés alors qu’ils avaient été placés, après l’incendie de Kara, sous surveillance policière. Le refus de toute enquête administrative est bien suspect alors qu’à la veille de l’incendie du marché de Lomé, les autorités chargées de sa sécurité ont crié sur les médias publics que "tout est mis en oeuvre pour faire face à un incendie". 24h après, le feu a consumé une partie du marché. L’émergence rapide d’associations fantoches de femmes de grands marchés et la facilité avec laquelle la gestion des dédommagementsa été confiée à cette association provoquent beaucoup de questions sans réponses.
La proposition rapide faite au chef de l’Etat d’un Haut Conseil des Marchés Publics qui aura la gestion et la sécurité de tous les marchés et qui devrait être sous la responsabilité de Mme Ayélégan Madjé Folly Sessi, une proche de Ingrid Awadé, redoutée maitresse du chef de l’Etat qui gère dans une prestigieuse opacité les recettes d’impôts. A la tête de l’Etablissement Public Autonome pourl'exploitation des marchés de Lomé, EPAM, dont la responsabilité évidente dans les incendies et leur gestion a été occultée par le refus d’enquête administrative, Mme Ayélégan Folly Sessi devrait voir ses pouvoirs se renforcer. Nommée par la Directrice des Impôts, cette ancienne fonctionnaire de l’administration fiscale n’a pas été à la hauteur de la situation. Sa structure qui collectionne de l’argent auprès des femmes du grand marché pour une supposée assurance n’a pas été capable de leur garantir le moindre dédommagement venant d’une société d’assurance.
Faure Gnassingbé lui-même a exprimé à ses proches collaborateurs ses doutes sur " la manière dont cette affaire a été gérée". "Le président est la première personne qui a pensé
que les vrais auteurs sont en liberté" avance un conseiller et visiteur du soir, à qui Faure
Gnassingbé a confié, après les dernières déclarations de Mohammed Loum (au début, principal acteur qui affirme n’avoir reconnu les faits que sous pression et torture), "ça commence !". Et son souhait : libérer tout le monde. Mais obstruction a été faite par ceux qui, connaissant les vraies origines, ont contribué à fabriquer des prisonniers. Le président togolais aussi joue sur l’opinion et ne devrait pas vouloir endosser la responsabilité de tels désastres avant les élections municipales et législatives. Alors, il joue le jeu allant dans son discours à la Nation, le 26 avril dernier jusqu’à accuser "des adversaires politiques".Pourra-t-il faire autrement ? Ministre de la sécurité, Directeur général de la gendarmerie, fameux
Capitaine Akakpo de SRI, Service de renseignements et d’Investigations devenu commissariat de police ambulant et arrêtant dans la foulée toute personne qui lui tombe
entre les doigts. Tous en savent plus que le président qui commence à se faire son idée. Comme à chaque coup, il prendra sans doute du temps à réagir, cynisme politique oblige et pendant ce temps, une vingtaine de Togolais sont injustement détenus par la gendarmerie
nationale qui en a fait des "otages de feu". Et des pistes se dessinent. Une chose est de plus en plus certaine, les mains de manipulation sont au régime. Et chaque fois que le gouvernement repousse la publication du rapport, il jette de l’eau à l’huile chaude et amplifie les supputations. « S’ils n’ont rien à s’y reprocher, ils devraient publier le rapport » pense notre source, « un rapport est fait pour être publié, la France ne peut pas le faire à la place du Togo mais pourrait le lui demander ». Dans un récent courrier adressé à François Hollande, Harlem Désir, le patron du Parti socialiste « invite le gouvernement à veiller à la transparence sur cette affaire », une affaire sur laquelle le parti au pouvoir en France avait pris clairement position à travers son communiqué, 
"TOGO, DEMOCRATIE BAFOUEE" du 13 février
dernier.

Sonia Ndir CICA

Mgr Udaigwe, le nouvel ambassadeur du Vatican au Togo aura des oeufs sous ses crampons


Blanchiment d’argent, aumônes décapantes, séjours mystérieux
trop réguliers de Faure Gnassingbé au Siège Apostolique,
implication "suspecte" de l’Eglise catholique dans le
règlement de la crise politique… Objet de fantasmes et de mystères, l’amitié entre Lomé et le Vatican est un tabernacle bourré de secrets. Dans la foulée de la crispation sociale et politique, le pape envoie un nouvel ambassadeur…



"Votre engagement au service de l’Eglise reste pour la Secrétairerie d’Etat et pour le Saint Père un signe de loyauté et de fidélité. Sensible à votre profonde discrétion etreconnaissant pour les sacrifices particuliers consentis par vous et vos collaborateurs pendant vos fructueuses années au Bénin et au
Togo, le pape vous réitère toute sa confiance pour la prochaine mission, toute aussi délicate et complexe."
En recevant, en plus de la lettre protocolaire de fin de mission,
ce message personnel du Cardinal Tarcisio Bertone, Premier ministre et ministre des affaires étrangères du Vatican, Mgr
Michael Blum savait que sa mission particulière auprès
du Togo et du Bénin a été appréciée à sa juste valeur.

Il comprend déjà, lui qui est décrit au Saint Siège comme "un diplomate efficace et talentueux" que sa nouvelle mission d’ambassadeur en Ouganda ne sera pas "saine", encore moins sainte. Il sait user, selon les témoignages qui abondent dans les milieux diplomatiques du Vatican, de son influence " et des mots justes pour maintenir nos interlocuteurs dans la fidélité à l’Eglise". C’est dans la discrétion la plus totale que cet
Américain a contribué pendant 8c ans (un record), au renforcement des relations entre les deux états.
Et Dieu seul sait que depuis Jean Paul II, cette relation a été jonchée de secrets et de mystères et tourne autour d’intérêts matériels qui ont toujours unis si "sacrément" le Vicaire du Christ au Prince de Lomé II (domicile officiel du chef de l’Etat togolais). La mission de Mgr Udaigwe ne sera donc pas de tout repos. Le Nigerian le sait et s’y prépare sans doute.

Togo et Vatican : le ping-pongdes intérêts.

Le Nonce apostolique dans un pays comme le Togo n’est pas un ambassadeur comme les autres et il sait. Il est avant tout, comme le veut la tradition, le doyen du Corps diplomatique mais il sait surtout qu’il sera le principal garant des relations qui, au bout de plusieurs décennies, sont alourdies de secrets dont certains sont trop connus pour ne pas scandaliser. Si le cas du Togo n’est pas unique, il est certes suffisamment symbolique de la nature des relations que l’Etat de Dieu peut entretenir avec des Etats africains.
Comme avant lui Pierre Van Tot et Michael Blum, Mgr Udaigwe aura, lors de la remise de la lettre de créance un long entretien avec le président togolais, interminable tête à tête. Et sera reçu en son domicile
privé quelques jours plus tard pour un dîner. Aucun autre ambassadeur ne reçoit autant d’honneur à Lomé. Plusieurs raisons sont données à cet accueil plus que chaleureux sous les tropiques.
Pendant ce rituel en 2005, racontera un témoin, son prédécesseur a été reçu pendant près de 2h dans une cordialité détendue. Il a, à l’occasion, passé son téléphone portable au président togolais pour qu’il échange quelques mots avec Angelo Sodano, alors secrétaire d’Etat du Pape. L’ambiance était à la complicité entre deux hommes qui ne se rencontraient pourtant que pour la première fois. Et pour cause, de grands intérêts les unissent. Cette année 2013, le président Faure a déjà séjournée une dizaine de fois à Rome. D’abord pour se soigner. Fragilisé par trois graves maladies contre lesquels il lutte de toutes ses dernières forcesFaure Gnassingbé compte sur les bons médecins que lui alloue discrètement le Vatican. Après avoir démenti des rumeurs persistantes sur ses maladies puis sa mort, le président Gnassingbé a besoin du secret et de la discrétion que peut lui offrir de pareils soins et il en profite allègrement. Et à chaque occasion, de multiples rencontres avec de sulfureux "monsignore", des échanges avec la hiérarchie de l’Eglise au haut niveau et surtout, le point avec ses conseillers financiers. Disposant d’une colossale somme d’argent (entre 26 et 51 milliards cfa selon diverses sources) au Vatican, le président togolais dont le pays a perdu 81 milliards
dans l’affaire de la Banco Ambrosiano et qui a opté pour le silence est un client de marque au Royaume du Christ. C’est quoi l’affaire Banco Ambrosiano ? Nous sommes en 1982. Paul Marcinkus, Evêque américain et financier mafieux, suspect banquier aux pratiques douteuses et aux liens maçonniques évidents, avait tenté
un coup de chance entre l’Institut des OEuvres de Religieux (IOR), banque centrale du Vatican et
Banco Ambrosiano, nébuleux établissement financier catholique dirigé à l’époque par Roberto Calvi. Ils’agissait d’un investissement risqué mais qui, s’il avait gagné, remportait plus d’un milliards d’euro.
L’opération échoue, Calvi est retrouvé pendu à Londres (suicide pour les uns, assassinat pour les autres) et la lumière n’a jamais pu être faite sur sa mort. Ainsi, des économies de plusieurs congrégations religieuses s’évaporent, le Zaïre de Mobutu et le Togo de Eyadema y perdent une partie de leur dépôt. Le Vatican réussit à obtenir leur silence.
Au-delà de ce scandale, Faure Gnassingbé reste un pion important pour l’Eglise dans la sous-région, puisqu’il se dit de confession catholique et malgré sa loge éclectique de femmes, reste "pratiquant". Il s’est fâché quand, se rendant au Bénin voisin, Benoît XVI évite une escale à Lomé. Mais il se console avec l’implication de Mgr Barigah dans le processus de réconciliation, une implication partisane selon la presse locale qui accable l’homme de Dieu. Le rapport scandaleux de la société civile catholique sur l’élection de 2010 n’a été publié que plusieurs mois plus tard sous la pression des médias et la base informatique de l’opposition pendant le scrutin, qui se trouvait dans un centre catholique a été délogé par la gendarmerie togolaise. Malgré qu’il ait clamé sa colère à la suite de cette intrusion, beaucoup de Togolais pensent que Barigah est au service du régime. Et l’ancien diplomate du Vatican devenu Evêque d’Atakpamé (150km de Lomé) a du mal à prouver sa bonne foi.


Ce qu’est un Nonce apostolique…


« Que la flamme de la charité pastorale vous pousse à travailler généreusement au service de l’Église dans ces pays d’Amérique latine, d’Océanie et d’Afrique ». Ces propos du Cardinal Bertone résonnent sanas doute fort dans la tête de ces trois nouveaux nonces apostoliques qui sont prêts pour la mission. Mais quel service rendent-ils dans le pays de mission ? Samedi 27 avril 2013. En la Basilique Saint Pierre de Rome, Mgr Brian Udaigwe, nommé nonce apostolique au Bénin et au Togo, a été sacré évêque, avec Mgr Ettoreu Balestrero et Mgr Michael Banach respectivement nommés nonces apostoliques en Colombie et en Papouasie- Nouvelle Guinée. Le Cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État du Vatican a présidé en personne la messe d’ordination. Il a conféré aux trois nonces l’ordination épiscopale, par mandat du Pape François, comme le veut la tradition pour en faire des archevêques afin qu’ils puissent avoir droit de supériorité protocolaire sur les évêques dans leurs pays de mission. Dans son homélie, le cardinal Bertone a affirmé que le «ministère normal et fondamental» des nonces apostoliques et de l’Eglise est « d’être envoyé pour soutenir les fragilités, les faiblesses et les défaites des hommes », au service du « progrès spirituel des populations ». Des exhortations qui cachent bien certains aspects de la mission de ces ambassadeurs du Christ qui ravivent l’influence de l’Eglise en Afrique et qui, sur le continent, restent les diplomates les plus convoités et les mieux accueillis. Leur double représentativité du temporel et du spirituel leur confère, dans des pays où le sacré a encore tout son sens, une puissance hors norme dont ils savent, avec une certaine fausse humilité faire l’usage au service du Vatican. Ils ont pour vocation de rapprocher les états du Saint Siège mais ausside défendre et de protéger les catholiques partout dans le monde. Ils sont avant tout des ambassadeurs comme les autres avec une double mission. Ils représentent le pape auprès de l’église locale
et des évêques mais aussi le saint Siège auprès des Etats où ils sont accrédités. Cette mission est liée à la double nature même du Saint Siège qui est à la fois un Etat (espace géographique souverain désigné par le Vatican) mais qui est aussi une entité religieuse et morale (l’Eglise catholique). Ils sont des diplomates formés à la prestigieuse Académie Pontificale Ecclésiastique. De nos jours, lenonce apostolique est un ambassadeur
extraordinaire et plénipotentiaire de première classe. En vertu des dispositions du Congrès de Vienne (1815), confirmées par l'art. 16-3 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961, il possède de droit le titre honorifique de « doyen du corps diplomatique » dans l'État où il est accrédité. Il exerce au quotidien sa mission comme tout ambassadeur et entretenant des relations diplomatiques avec près de 180 Etats dans le monde et disposant d’une centaine de nonciatures, l’Eglise possède l’un des réseaux diplomatiques les plus dynamiques et les plus actifs du monde.
Le nouvel ambassadeur auradonc du boulot, disons des oeufs sous ses crampons. Les secrets entre le Vatican et le Togo étant devenus secrets de polichinelle, il doit se battre pour redonner toute sa crédibilité à une Eglise dont la voix a du mal à porter loin. S’il est appelé à sauvegarder des intérêts entre les deux Etats, il ne doit pas oublier la dimension sociale de sa mission et l’obligation de voler au secours des peuples éprouvés. Mais rien n’est moins sûr quand à Lomé, on l’attend impatiemment, évoquant déjà la possibilité d’une réception pour son anniversaire le 19 juillet s’il prend service à temps. A cette allure, il aura du mal à ne pas se salir les mains.

Amen Komi TSETSE






FMI: L’afrique Sera Le Continent En Pointe De L’économie Mondiale


Le FMI place une fois de plus l’Afrique dans le top mondial du développement économique mondial


L’Afrique subsaharienne « devrait devenir une des régions  les plus dynamiques du monde, immédiatement après les pays en développement  d’Asie », a estimé samedi à Yaoundé une responsable du Fonds monétaire  internationale (FMI).
Croissance_africaine_chiffres« Nous prévoyons que la croissance du PIB (produit intérieur brut) en Afrique  subsaharienne passera de 5,1 % en 2012 à 5,4% cette année et à 5,7% en 2014 », a  affirmé Antoinette Sayeh, directrice du département Afrique du FMI, lors d’un  point presse à propos du dernier rapport du FMI, publié vendredi, sur les  perspectives économiques régionales.
« La forte croissance que continue d’enregistrer la Chine a été un atout de  résilience pour les pays africains. La Chine dévient un important partenaire de  l’Afrique Subsaharienne », a commenté Antoinette Sayeh dans une interview  transmise à la presse par ses services. Selon le FMI, le commerce bilatéral de  biens entre les deux parties est passé de 30 milliards de dollars en 2005 à 200  milliards en 2012.

Investissement et exportations

« Du côté des dépenses, ce sont essentiellement l’investissement et les  exportations qui ont alimenté la croissance (en Afrique subsaharienne en 2012),  tandis que, du côté de la production, les principaux moteurs ont été le  bâtiment, l’agriculture et les exploitations minières nouvellement entrées en  activité », souligne le rapport.
Le document cite des pays comme le Niger ou la Sierra Léone où « la  croissance s’est fortement accélérée » grâce aux ressources minières, ou encore  l’Angola avec le pétrole.

Côte d’Ivoire

« Parmi les États fragiles, l’événement le plus marquant a été le rebond de  la Côte d’Ivoire, où, d’après les estimations, la croissance de la production se  serait établie à près de 10% en 2012 » alors que « les États touchés par les  conflits ont subi un net repli de l’activité économique en 2012 », indique  encore le rapport.
Antoinette Sayeh a également relevé plusieurs facteurs de risques  susceptibles d’influencer négativement la croissance en Afrique subsaharienne:  la persistance de la crise dans la zone euro –l’Europe restant un des  principaux partenaires commerciaux sur le continent -, les conflits en  Centrafrique, dans l’Est de la RD Congo et au Mali, ainsi que d’éventuels chocs  pétroliers.
Thierry Barbaut

Nigeria: Inquiétant Déploiement De L’armée Dans Le Nord Du Pays Pour Contrer Boko Haram


L’armée nigériane a annoncé aujourd’hui un déploiement « massif » de troupes dans le nord-est du pays, après l’instauration de l’état d’urgence dans cette région en partie contrôlée par les islamistes de Boko Haram, très actifs.


Selon une source militaire sous couvert d’anonymat, un déploiement d’avions de chasse est prévu dans la région, ce qui laisse entendre que le Nigeria pourrait mener des raids aériens sur son propre territoire.
Boko HaramLe président nigérian Goodluck Jonathan avait déclaré hier l’état d’urgence dans trois Etats frappés par les attaques du groupe islamiste Boko Haram, en assurant que des « mesures extraordinaires » étaient nécessaires pour répondre à la violence croissante.
Selon Kyari Mohammed, professeur de sciences politiques à l’université Modibbo Adama University, la présence militaire dans le nord de Borno était très limitée jusqu’à présent, ce qui a permis aux islamistes de prendre le contrôle de certaines zones.
Dans une vidéo reçue lundi par l’AFP, le chef présumé de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait revendiqué deux attaques très meurtrières dans l’Etat de Borno: celle de Baga, le 16 avril, qui avait été suivie d’une violente répression par l’armée, ayant fait au total 187 morts et celle de Bama menée le 7 mai, qui s’était soldée par au moins 55 morts. L’Etat d’urgence concerne Borno ainsi que les deux Etats voisins de Yobe et Adamawa.
Boko Haram, qui entend instaurer un Etat islamique dans le nord à majorité musulmane, avait installé son fief à Maiduguri, la capitale de Borno, mais suite à une intervention de l’armée dans la ville, ses combattants se sont retranchés dans des zones plus reculées, proches des frontières.
L’insurrection et sa répression par les forces de sécurité, ont fait quelque 3.600 morts depuis 2009 selon Human Rights Watch.
Thierry Barbaut
Avec le Figaro.fr

lundi 22 avril 2013

Entretien avec Francine Ayessou Komla, Ecrivaine.

« Pour moi, écrire, c’est à la fois m’amuser, distraire et interpeller… »
   
Francine Ayessou Komla. Le nom ne vous dit sans doute pas grand-chose mais le monde littéraire
africain, togolais en particulier, devrait compter avec désormais. Les prochaines années notamment.
Elle écrit en plein temps. "Pas sept jours sur sept, mais je n’en manque pas l’occasion"
confie-t-elle à Tribune d’Afrique. Pour elle, écrire, c’est aussi s’ouvrir. Belle, charmante et déterminée,
elle s’aventure sans crier gare dans le monde des écrivains. Un monde connu pour son machisme, son
excessive "masculinisation", en Afrique. Avec son premier, Les tumultes de vies aux éditions Panthéon,
cette togolaise n’entend plus s’arrêter. Son côté spirituel, son attachement à certaines valeurs africaines,
sa sensibilité humaine et sa vision du monde, tout s’y lit, de façon presque linéaire. Trentenaire,
des études de journalisme en France, cette mère de famille esquive la politique, " je n’attends pas grandchose de la politique, je crois qu’un engagement social peut être plus utile". Pour l’instant, ses deux
enfants occupent son quotidien, entre lectures spirituelles et une obsession, "faire des séances dédicaces
en Afrique, au Togo". Mais pour l’instant, les invitations lui viennent davantage de l’Europe… où
elle vit depuis une quinzaine d’années, bien loin de l’Afrique. Mais l’Afrique, elle y pense tous les jours.


*Vous êtes écrivaine togolaise, qu’est ce qui peut amener aujourd’hui à l’écriture une africaine? on a souvent pensé qu’écrire est un luxe…
-Balivernes! Il faut démystifier cette idée d’où qu’elle vienne, c’est de la duperie. Une africaine "regorge"
de richesses culturelles et de connaissances qu’elle peut transmettre par écrit. On dit qu’en Afrique quand un vieillard meurt c’est tout une bibliothèque qui brûle, vous rendez vous compte d’une africaine (mère de ce vieillard africain) qui mourra sans avoir laissé d’écrit ? Une vraie perte. Le véritable problème en Afrique est que l’on n’a pas souvent donné l’opportunité et les moyens aux femmes de s’exprimer. Heureusement, les choses commencent à évoluer. Les africaines n’ont rien de moins que les autres. Après
tout, l’écriture vient de l’Afrique…

*
La question qu’on a envie de poser à un écrivain, c’est poourquoi ecrire ? pour éduquer,
orienter, influencer, divertir, guérir ?
-Vous avez donné la réponse. C’est tout cela à la fois : éduquer ceux qui sont dans l’ignorance, orienter ceux qui sont perdus, influencer ceux qui s’affaiblissent, divertir ceux qui sont stressés, et guérir les esprits abattus… 
*Pour vous, à partir de quand 
a eu lieu le clic du départ ? a quel moment avez-vous pensé :
je serai ecrivaine ?
-Chaque fois que j’ai eu envie de crier haut et fort contre l’ injustice, chaque fois que j’ai eu envie de venir en aide à ceux qui souffrent en silence dans un coin, oubliés et abandonnés par la société qui leur aura
confisqué le droit de 
s’ exprimer, le désir de prendre la plume brule en moi. Et cela a commencé
depuis mon adolescence. Je me suis toujours sentie concernée, on ne peut pas vivre dans une
société sans être engagé ; le choix revient à chacun de savoir comment impacté son entourage ; ou
quel rôle jouer dans la société. Ne laissons pas la société nous faire, faisons la société !

*Comment devient-on écrivaine? En se levant et en publiant un livre ou c’est une vocation qui nécessite qu’on s’y prépare ? Qu’on s’y donne ?
-Je pense que toute personne qui a un message à transmettre peut écrire, mais pour devenir un écrivain au sens propre du terme il faut une vocation. Une formation à l’écriture sera également adéquate et nécessaire pour acquérir les techniques, et un style, pour un travail excellent. Il y a des écoles de lettre, l’école de la vie et en travaillant soi même (l’auto-formation ou le « self-made »). Il faut aussi beaucoup lire et voir ce que les autres font pour affiner son propre style.

*"Les tumultes de vies", votre dernier roman vient de paraitre. Une dizaine d’histoires, de l’invraisemblable à la réalité… pour vous, un roman est plus original à partir de sa part de fiction ou celle de réalité ?
-Je voudrais préciser que c’est mon premier roman ayant fait l’objet d’une publication et c’est le premier
tome d’une longue et émouvante série à venir.Pour répondre  à votre question, je dirai que l’originalité de mes écris ressort de leur part de réalité mixée avec le chimérique. Ceux sont des  histoires que les uns et les autres vivent au quotidien. Et c’est en même temps dans mon imagination que tout cela se passe. C’est à la foi vrai et fictif.

*
Qu’est-ce que vous dites de votre dernier roman ? En quelques phrases, comment
 résumez-
vous le contenu, même s’il s’agit de nouvelles ?
-"Les tumultes de vies" est un roman à lire pour s’évader ou pour se retrouver…. C’est du vécu au
chimérique, de l’authentique à l’hérétique, du pratique à l’abstrait.

*Dans une afrique à l’épreuve 
des guerres et de la misère, dans une afrique à moitié
analphabète, 
à quoi sert un livre ?
-La lecture éduquera aussi bien nos analphabètes que nos intellectuels; elle influencera nos mentalités
qui, une fois changées, nous conduiront à la paix tant recherchée. Elle est enfin un moyen dedivertissement et de culture. "La culture étant ce qui reste quand on a tout oublié".

*Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées tout au long du processus qui a abouti à la publication de "Les tumultes de vies"?
-Pas plus qu’il ne faut : j’ai aiméécrire ce livre et j’ y ai consacré le temps qu’ il faut avec passion. Ensuite,
par la grâce de Dieu j’ai pu trouver les moyens pour le faire publier. Je rends plutôt gloire à Dieu.

*Vous vivez en Hollande, estce que cela n’est pas un atout pour écrire ? Est-ce que vivre en
Europe ne facilite pas une telle carrière ?
Je ne saurais le dire parce que je n’ai pas expérimenté cela enAfrique.

*"Les tumultes de vies" porte 
un message spécial ? Lequel ?
-Malgré les vicissitudes de la vie, il faut continuer, il faut aimer la vie et vivre pleinement chaque jour
que le Bon Dieu nous donne. Revenir sur des valeurs anciennes que l’on considère archaïques ou
démodées qui sont pourtant vitales, indispensables à la survie de cette ère et de l’humain.

*Quels sont vos projets littéraires pour les années à venir ?
-"Les tumultes de vies" est une série dont le premier vient de paraître; le prochain tome est en cours. J’ai en projets d’autres romans qui sortiront au fur et à mesure de leur finalisation…

Propos recueillis par Ebo Léonel
Tribune d’afrique, le Journal de l’Espace UEMoa -N°111 du 12 avril 2012



jeudi 18 avril 2013

LE TRAVAIL DE DEMAIN…




Il m’arrive rarement d’aborder ici des sujets aussi sérieux et pertinents
que celui-ci. Mais il reste une réflexion personnelle, subjective donc, sur
le travail de demain. Réflexion inspirée d’un document que j’ai lu dans
le vol Royal Air Maroc qui m’amenait le 19 mars dernier de l’Aéroport d’Orly
à Rabat.
Revenons au sujet, le travail de demain. Dans un siècle, nous saurons,
si le rythme est maintenu, 327 fois plus de robots qu’aujourd’hui selon une
prévision de la CIA (Service secrets américains). Dans ce cas, tout sera
fait par des robots. Majordome, cuisinier, jardinier, facteurs (si le courrier
existe encore), et même certains métiers délicats comme l’enseignement,
la sécurité publique, le pilotage d’avions et peut être même que nos gouvernements
seront constitués de robots, qui sait ? Ce qui est certain, la
nature et le mécanisme du travail changeront. On ne travaillera plus
comme maintenant. La manière de travailler va changer mais aussi la valeur
et la nature du travail. Quand les robots seront là à tout faire, que ferions-
nous ? Le travail sera-t-il encore utile ? Plusieurs réponses
surgissent dans ma tête sur cette question.
Il n’est pas possible, à l’allure où vont les choses aujourd’hui, de vouloir
contrer l’arrivée massive de robots sur le marché de l’emploi. Si cela continue
d’ici un demi-siècle, le nombre de postes remplacés par l’usage de robots
sera divisé par trois, systématiquement. A la longue, il ne nous sera
plus utile de travailler, les robots feront tout à notre place, alors, que ferions-
nous ? Le travail ne sera plus utile, nous serions sans doute libre de
travailler ou non et le travail ne sera plus, comme c’est encore le cas aujourd’hui,
une obligation, mais un choix. Certains choisiront de travailler
par passion et même par fainéantise (la forme du travail aurait changé et
s’assimilerait dans beaucoup de cas à un repos, à une distraction), beaucoup
ne travailleraient plus et même s’ils veulent travailler, même bénévolement
et sans salaire, personne ne voudrait de cette main d’oeuvre
gracieuse. Que ferions-nous ? Voyager, nous amuser à longueur de journée
? Retourner à des activités traditionnelles anciennes ? Il est périlleux
de prédire l’avenir du travail dans cette condition, ce qui est certain, travailler
ne sera plus la règle, mais l’exception, sans doute. Je veux bienm’imaginer dans ce monde-là !
Ce qui n’est pas à exclure aussi, c’est que les hommes, dans un géant
mouvement mondial, se soulèvent contre les robots, les détruisent tous et
que. Ce qui n’est pas à exclure aussi, c’est que les hommes, dans un géant
mouvement mondial, se soulèvent contre les robots, les détruisent tous et
que l’homme retourne pleinement au travail. Si cette formule est envisageable
dans les grandes entreprises, elle est utopique pour les petites et
moyennes entreprises qui pourtant, emploient le plus grand nombre de travailleurs.
Un tel mouvement a donc peu de chance d’aboutir.
Une autre option à ne pas exclure totalement, c’est que le contenu du
travail change et plutôt que d’être "capitalisé" et "libéralisé", il soit humanisé
et devienne plutôt une valeur symbolique. Et non plus la folie du rendement
qu’il est aujourd’hui. Au lieu de demander à une entreprise de 30 Chinois
de produire suffisamment du riz pour nourrir la moitié d’un pays africain,
on lui demandera d’en produire autant qu’il sera nécessaire pour nourrir
quelques familles chinoises. La règle de la surexploitation et de la production
illimitée qui caractérise le rendement aujourd’hui cèdera à la norme du
raisonnable. Tout le monde travaillera suffisamment pour produire ce qu’il
lui faut ou répondre à ses propres besoins, pas plus. Parce que le surplus
ne servira à rien d’autant plus que le niveau du perfectionnement de la production
serait élevé par les capitalistes qui dirigent aujourd’hui le monde,
au point où on fera dans 50 ou 100 ans dix fois moins d’effort qu’aujourd’hui
pour produire autant que de nos jours. Les relations humaines vont-elles
même changer, totalement !!!
Ce sont là, juste, quelques réflexions, qui n’auront sans doute au moment
venu, aucune relation avec la réalité… Prédire n’ayant jamais dit vrai
dans notre monde où il suffit d’une petite découverte pour que tout se bascule,
que tout change. Mais je crois qu’il faille ouvrir le débat sur le travail
de demain, pour ne pas être surpris de ne plus pouvoir travailler car si le
rythme et les contextes se maintiennent, dans un petit siècle, travailler sera
un grand luxe réservé à quelques petits lobbies de privilégiés. Je veux me
tromper !!!

MAX SAVI Carmel                                                                                                                                             Tribune d' Afrique

vendredi 22 mars 2013

Risquer sa peau à vouloir la blanchir


Images de peaux abîmées après un "cocktail" de cortisone et d'hydroquinone.

Images de peaux abîmées après un "cocktail" de cortisone et d'hydroquinone.

Contrairement aux populations à peau blanche séduites par la course au bronzage, de plus en plus de femmes à peau noire cherchent à se blanchir la peau. Une pratique à haut risque, qui a pourtant gagné la planète entière.
Né aux États-Unis dans les années 1960, le phénomène ne cesse de s'étendre. Si une peau claire est toujours synonyme de beauté et de réussite sociale dans certaines sociétés africaines et asiatiques, les jeunes femmes sont également influencées par les stars issues de la société du spectacle, dont la peau est toujours plus claire.
Pour se blanchir la peau, elles utilisent des produits fortement toxiques, sans forcément avoir conscience du danger qu'ils représentent. Si le phénomène est un véritable problème de santé publique dans certains pays d'Afrique, les pays occidentaux ne sont pas épargnés. La France a d'ailleurs lancé, ce mardi, une grande campagne de sensibilisation aux dangers inhérents au blanchiment de la peau.

"Il existe deux techniques radicales pour se faire blanchir la peau, toutes deux extrêmement dangereuses pour la santé"

Khadi Sy Bizet est médecin à Paris, spécialisée dans les problèmes dermato-esthétiques des peaux noires. Elle est l'auteur du "Livre de la beauté noire", publié chez Jean-Claude Lattès.
Il existe deux techniques radicales pour se faire blanchir la peau. Toutes deux sont extrêmement dangereuses pour la santé.
La première utilise la cortisone, qui détruit l'épiderme. Le problème, c'est que le produit passe aussi dans le sang et crée une forte dépendance. La plupart des femmes qui y ont eu recours ont fait des dépression et ont eu de sérieux problèmes de peau.
L'autre méthode consiste à s'enduire un produit à base d'hydroquinone, un produit extrêmement cancérigène interdit en France. On ne le trouve que via les réseaux de contrebande.
La légende veut que les hommes noirs préfèrent les femmes au teint clair, mais c'est faux. Si le problème est sérieux à Paris, en Afrique c'est une vraie question de santé publique, qui touche tous les pays, pas seulement les francophones. Le phénomène est né au Ghana, où les prostituées étaient les premières à se faire blanchir la peau.
Les produits qu'on trouve en vente libre en France ne blanchissent pas réellement la peau. Il faut bien comprendre que changer de couleur de peau, c'est aller contre la nature."

"Pour certains, la peau claire reste toujours un signe extérieur de richesse et de réussite sociale"

Hermann travaille dans la publicité, à Abidjan.
Le problème du blanchiment de la peau n'est pas nouveau, mais il est en pleine expansion. Tout le monde s'y met. Le phénomène est en partie dû aux nombreuses campagnes de publicité qui présentent des femmes au teint clair.
Les autorités ivoiriennes sont laxistes. Elles avaient fait passer des lois pour réguler ces publicités et interdire la vente des produits dangereux, mais rien n'a changé.
Le phénomène du blanchiment de la peau est décrié par beaucoup d'hommes en public mais, en privé, certains disent préférer les femmes au teint clair.
Le problème ne concerne pas seulement les pays d'Afrique, il touche l'ensemble de la population noire. Pour certains, la peau claire reste toujours un signe extérieur de richesse et de réussite sociale.
Nombreuses sont les femmes qui n'hésitent pas à s''arranger le teint', comme on dit ici. Cela va de la pré-adolescente à la grand-mère."

L'industrie du cinema africain ( Nollywood ) à la dérive.



L'industrie du cinema africain ( Nollywood ) à la dérive.



Les valeurs de divertissement pur de films africains que nous aimons tous sont la raison principale pour laquelle les fans passent d'innombrables heures à regarder des films presque tous les jours. C'est une célébration de la culture africaine et le meilleur de l'industrie. Mais si cela se traduit par des transgressions sans fondement et que l'industrie veux aà tout pris copier certaines industries qui ont une certaines manière de faire, qui est très désagréable et pas en harmonie avec tout ce qui est synonyme de Nollywood?

Devrions-nous tous être tranquille et permettre que cela continue? Ou au lieu de commencer à envoyer un message fort aux producteurs qu'il devrait y avoir des limites sans cela le taux de désabonnement ne ferons que baisser. Même si ces affiches sont uniquement à des fins de marketing, les téléspectateurs ne le méritent pas.
Devraient-ils pas respecter les fans qui achètent ces films avec de l'argent durement gagné?


S'il vous plaît élevons la voix avant que cette industrie Nollywood qui a commencée avec les valeurs africaine ne soit détruit

CONFÉRENCE: UNE LITTÉRATURE TOGOLAISE À LA CROISÉE DES CHEMINS

La littérature togolaise monte en quantité et en qualité, mais l’édition et la critique demeurent ses faiblesses,  lourd handicap pour son envol véritable.

VLUU L200  / Samsung L200


La littérature togolaise existe bel et bien, en tout cas celle en langue française ; elle est même écrite en plusieurs langues dont l’italien et l’anglais. Sa naissance remonterait même en 1929, année de L’Esclave de Couchoro (grande querelle entre Togolais et Béninois sur cet auteur). Finie donc la polémique insidieuse de Kossi Efoui sur l’existence d’une littérature africaine et partant togolaise. Unanimisme. Le sujet d’actualité c’est de connaître la destinée d’une telle littérature, justement le thème de la 3ème conférence de Plumes Francophones : Où va la littérature togolaise : production, réception et questions de genre. Une conférence animée par des universitaires Jean-Jacques Dabla, Koffi Anyinefa, Prosper Deh et Kangni Alem. Un plateau assez relevé, tous les conférenciers sontauteurs, essayistes, ayant écrit un ou plusieurs ouvrages sur la littérature africaine ou togolaise.
Longtemps reléguée à la marge de la littérature africaine avec la publication d’une poignée d’auteurs, la littérature togolaise connaît une émergence depuis le début des années 1990.  Des auteurs reconnus à l’étranger par des prix (Sami Tchak, Kossi Efoui, Edem Awumey, Kangni Alem) participent de cette renaissance tandis que d’autres  en Europe et aux Etats-Unis publient dans d’autres langues, même s’ils sont très peu ou pas du tout traduits en français. A l’intérieur du Togo, on constate également l’arrivée de jeunes auteurs, la production d’œuvres de qualités diverses, parfois franchement très médiocre.  Sur ce point précis, Kangni Alem suggère à la nouvelle Association des écrivains togolais (AET) la création d’une revue de littérature pour aider à l’émergence de jeunes auteurs. Pour l’auteur de Cola Cola Jazz, c’est souvent par ce canal- notamment celui de la Revue Noire et Le Serpent à Plumes-  que de nombreux auteurs togolais ont été détectés par de grands éditeurs en France. Reste à savoir, si l’AET peut relever un tel défi.
D’où la question problématique de l’édition.  L’édition reste le talon d’Achille de cette littérature montante et une réforme indispensable enraierait   une production en deçà des attentes. Deux maisons d’édition occupent le haut du pavé. La très volontariste quoique peu professionnelle Awoudy (un catalogue relevé après quatre années d’existence) et la professionnelle et moins ambitieuse Graines de pensées dont le public attend un relèvement du niveau de l’édition. Pour l’instant, l’édition joue dans le registre du droit d’auteur, toute la machine commerciale n’est réellement pas mise en œuvre pour lapromotion de l’auteur. Les livres sont produits et très peu connus, même si on évolue dans un environnement culturel caractérisé par l’absence d’une volonté publique quant à la promotion du livre et de la lecture. En ce sens, les conférenciers et les participants ont déploré la non-application de la ratification de l’Accord de Florence sur la circulation des biens culturels et scientifiques.
Un autre défi à relever pour la littérature togolaise reste celui de la réception, surtout la critique journalistique et universitaire. Sur ce plan, le registre est presque désert. La critique journalistique, parfois promotionnelle, ne manque pas en ce qui concerne les œuvres publiées en France ou à l’étranger, mais, sur le plan national, il n’y a aucune institution existante. La presse déjà pauvre en qualité demeure très déficitaire quand il s’agit de relayer les productions littéraires.
La critique universitaire  au Togo est pointée du doigt en ce domaine par Koffi Anyinefa du Collège Haverford, Etats-Unis. Une fainéantise et un manque de passion sont à la base de l’absence d’études sur les œuvres togolaises. La plupart des universitaires veulent avoir un intérêt matériel ou pécuniaire avant de réaliser des études sur les auteurs togolais. Conséquence : Kossi Efoui est le seul auteur qui rassemble la grande partie de la critique universitaire sur la littérature togolaise. Son théâtre et son roman relèvent d’un grand intérêt pour la critique universitaire en France. On peut également citer Sami Tchak sur qui vient d’être fait un essai. Mais d’une manière générale, la critique est quasi absente voire déserte en ce qui concerne la littérature togolaise. Il en est de même de la traduction de nombreuses œuvres togolaises écrites dans des langues étrangères.
Koffi Anyinefa et Kangni Alem en appellent à un sursaut dans ce domaine. Seront-ils entendus ?