vendredi 22 mars 2013

Risquer sa peau à vouloir la blanchir


Images de peaux abîmées après un "cocktail" de cortisone et d'hydroquinone.

Images de peaux abîmées après un "cocktail" de cortisone et d'hydroquinone.

Contrairement aux populations à peau blanche séduites par la course au bronzage, de plus en plus de femmes à peau noire cherchent à se blanchir la peau. Une pratique à haut risque, qui a pourtant gagné la planète entière.
Né aux États-Unis dans les années 1960, le phénomène ne cesse de s'étendre. Si une peau claire est toujours synonyme de beauté et de réussite sociale dans certaines sociétés africaines et asiatiques, les jeunes femmes sont également influencées par les stars issues de la société du spectacle, dont la peau est toujours plus claire.
Pour se blanchir la peau, elles utilisent des produits fortement toxiques, sans forcément avoir conscience du danger qu'ils représentent. Si le phénomène est un véritable problème de santé publique dans certains pays d'Afrique, les pays occidentaux ne sont pas épargnés. La France a d'ailleurs lancé, ce mardi, une grande campagne de sensibilisation aux dangers inhérents au blanchiment de la peau.

"Il existe deux techniques radicales pour se faire blanchir la peau, toutes deux extrêmement dangereuses pour la santé"

Khadi Sy Bizet est médecin à Paris, spécialisée dans les problèmes dermato-esthétiques des peaux noires. Elle est l'auteur du "Livre de la beauté noire", publié chez Jean-Claude Lattès.
Il existe deux techniques radicales pour se faire blanchir la peau. Toutes deux sont extrêmement dangereuses pour la santé.
La première utilise la cortisone, qui détruit l'épiderme. Le problème, c'est que le produit passe aussi dans le sang et crée une forte dépendance. La plupart des femmes qui y ont eu recours ont fait des dépression et ont eu de sérieux problèmes de peau.
L'autre méthode consiste à s'enduire un produit à base d'hydroquinone, un produit extrêmement cancérigène interdit en France. On ne le trouve que via les réseaux de contrebande.
La légende veut que les hommes noirs préfèrent les femmes au teint clair, mais c'est faux. Si le problème est sérieux à Paris, en Afrique c'est une vraie question de santé publique, qui touche tous les pays, pas seulement les francophones. Le phénomène est né au Ghana, où les prostituées étaient les premières à se faire blanchir la peau.
Les produits qu'on trouve en vente libre en France ne blanchissent pas réellement la peau. Il faut bien comprendre que changer de couleur de peau, c'est aller contre la nature."

"Pour certains, la peau claire reste toujours un signe extérieur de richesse et de réussite sociale"

Hermann travaille dans la publicité, à Abidjan.
Le problème du blanchiment de la peau n'est pas nouveau, mais il est en pleine expansion. Tout le monde s'y met. Le phénomène est en partie dû aux nombreuses campagnes de publicité qui présentent des femmes au teint clair.
Les autorités ivoiriennes sont laxistes. Elles avaient fait passer des lois pour réguler ces publicités et interdire la vente des produits dangereux, mais rien n'a changé.
Le phénomène du blanchiment de la peau est décrié par beaucoup d'hommes en public mais, en privé, certains disent préférer les femmes au teint clair.
Le problème ne concerne pas seulement les pays d'Afrique, il touche l'ensemble de la population noire. Pour certains, la peau claire reste toujours un signe extérieur de richesse et de réussite sociale.
Nombreuses sont les femmes qui n'hésitent pas à s''arranger le teint', comme on dit ici. Cela va de la pré-adolescente à la grand-mère."

L'industrie du cinema africain ( Nollywood ) à la dérive.



L'industrie du cinema africain ( Nollywood ) à la dérive.



Les valeurs de divertissement pur de films africains que nous aimons tous sont la raison principale pour laquelle les fans passent d'innombrables heures à regarder des films presque tous les jours. C'est une célébration de la culture africaine et le meilleur de l'industrie. Mais si cela se traduit par des transgressions sans fondement et que l'industrie veux aà tout pris copier certaines industries qui ont une certaines manière de faire, qui est très désagréable et pas en harmonie avec tout ce qui est synonyme de Nollywood?

Devrions-nous tous être tranquille et permettre que cela continue? Ou au lieu de commencer à envoyer un message fort aux producteurs qu'il devrait y avoir des limites sans cela le taux de désabonnement ne ferons que baisser. Même si ces affiches sont uniquement à des fins de marketing, les téléspectateurs ne le méritent pas.
Devraient-ils pas respecter les fans qui achètent ces films avec de l'argent durement gagné?


S'il vous plaît élevons la voix avant que cette industrie Nollywood qui a commencée avec les valeurs africaine ne soit détruit

CONFÉRENCE: UNE LITTÉRATURE TOGOLAISE À LA CROISÉE DES CHEMINS

La littérature togolaise monte en quantité et en qualité, mais l’édition et la critique demeurent ses faiblesses,  lourd handicap pour son envol véritable.

VLUU L200  / Samsung L200


La littérature togolaise existe bel et bien, en tout cas celle en langue française ; elle est même écrite en plusieurs langues dont l’italien et l’anglais. Sa naissance remonterait même en 1929, année de L’Esclave de Couchoro (grande querelle entre Togolais et Béninois sur cet auteur). Finie donc la polémique insidieuse de Kossi Efoui sur l’existence d’une littérature africaine et partant togolaise. Unanimisme. Le sujet d’actualité c’est de connaître la destinée d’une telle littérature, justement le thème de la 3ème conférence de Plumes Francophones : Où va la littérature togolaise : production, réception et questions de genre. Une conférence animée par des universitaires Jean-Jacques Dabla, Koffi Anyinefa, Prosper Deh et Kangni Alem. Un plateau assez relevé, tous les conférenciers sontauteurs, essayistes, ayant écrit un ou plusieurs ouvrages sur la littérature africaine ou togolaise.
Longtemps reléguée à la marge de la littérature africaine avec la publication d’une poignée d’auteurs, la littérature togolaise connaît une émergence depuis le début des années 1990.  Des auteurs reconnus à l’étranger par des prix (Sami Tchak, Kossi Efoui, Edem Awumey, Kangni Alem) participent de cette renaissance tandis que d’autres  en Europe et aux Etats-Unis publient dans d’autres langues, même s’ils sont très peu ou pas du tout traduits en français. A l’intérieur du Togo, on constate également l’arrivée de jeunes auteurs, la production d’œuvres de qualités diverses, parfois franchement très médiocre.  Sur ce point précis, Kangni Alem suggère à la nouvelle Association des écrivains togolais (AET) la création d’une revue de littérature pour aider à l’émergence de jeunes auteurs. Pour l’auteur de Cola Cola Jazz, c’est souvent par ce canal- notamment celui de la Revue Noire et Le Serpent à Plumes-  que de nombreux auteurs togolais ont été détectés par de grands éditeurs en France. Reste à savoir, si l’AET peut relever un tel défi.
D’où la question problématique de l’édition.  L’édition reste le talon d’Achille de cette littérature montante et une réforme indispensable enraierait   une production en deçà des attentes. Deux maisons d’édition occupent le haut du pavé. La très volontariste quoique peu professionnelle Awoudy (un catalogue relevé après quatre années d’existence) et la professionnelle et moins ambitieuse Graines de pensées dont le public attend un relèvement du niveau de l’édition. Pour l’instant, l’édition joue dans le registre du droit d’auteur, toute la machine commerciale n’est réellement pas mise en œuvre pour lapromotion de l’auteur. Les livres sont produits et très peu connus, même si on évolue dans un environnement culturel caractérisé par l’absence d’une volonté publique quant à la promotion du livre et de la lecture. En ce sens, les conférenciers et les participants ont déploré la non-application de la ratification de l’Accord de Florence sur la circulation des biens culturels et scientifiques.
Un autre défi à relever pour la littérature togolaise reste celui de la réception, surtout la critique journalistique et universitaire. Sur ce plan, le registre est presque désert. La critique journalistique, parfois promotionnelle, ne manque pas en ce qui concerne les œuvres publiées en France ou à l’étranger, mais, sur le plan national, il n’y a aucune institution existante. La presse déjà pauvre en qualité demeure très déficitaire quand il s’agit de relayer les productions littéraires.
La critique universitaire  au Togo est pointée du doigt en ce domaine par Koffi Anyinefa du Collège Haverford, Etats-Unis. Une fainéantise et un manque de passion sont à la base de l’absence d’études sur les œuvres togolaises. La plupart des universitaires veulent avoir un intérêt matériel ou pécuniaire avant de réaliser des études sur les auteurs togolais. Conséquence : Kossi Efoui est le seul auteur qui rassemble la grande partie de la critique universitaire sur la littérature togolaise. Son théâtre et son roman relèvent d’un grand intérêt pour la critique universitaire en France. On peut également citer Sami Tchak sur qui vient d’être fait un essai. Mais d’une manière générale, la critique est quasi absente voire déserte en ce qui concerne la littérature togolaise. Il en est de même de la traduction de nombreuses œuvres togolaises écrites dans des langues étrangères.
Koffi Anyinefa et Kangni Alem en appellent à un sursaut dans ce domaine. Seront-ils entendus ?

mardi 5 mars 2013

SERIES TELEVISEES MADE IN AFRICA : Bonne volonté, mais qualité approximative pour le marché international


SERIES TELEVISEES MADE IN AFRICA : Bonne volonté, mais qualité approximative pour le marché international
Le règne de la vidéo permet de nos jours de produire des séries télévisuelles à faibles budgets. Si le marché intérieur est souvent satisfait, ce n’est pas le cas au niveau international. Un projet piloté par CFI veut aider à y remédier.
‘’Kadi jolie’’, ‘’commissariat de Tampy’’,’’ l’avocat des causes perdues’’,’’ les bobodiouf’’, ‘’supers flics’’, ou encore ‘’l’as du lycée’’, ‘’affaires publiques’’… Ce sont là quelques exemples de séries télévisées produites, réalisées et diffusées au Burkina.
Des séries qui, à l’image de ce qui se fait ailleurs sur le continent, ont grandement contribué à valoriser le potentiel créatif local. Démontrant ainsi que la concurrence peut représenter un bon stimulant.
Du reste, la demande est forte en ce sens, et tend même à confirmer qu’il existe effectivement un public cible qui est très demandeur de ce genre de projets.


   Qualité et recherche de débouchés                                                                                               

Si d’une manière générale, les publics pour lesquels ces séries sont produites sont satisfaits, il reste un défi de taille : celui de la conquête du marché international.

Et pour cause le cinéma est une industrie qui se caractérise par la rencontre de l’offre et de la demande. Par conséquent, il faut pouvoir satisfaire à un minimum d’exigences pour espérer trouver sa place.
Malheureusement certains marchés, européens notamment, ont très souvent des normes techniques que n’arrive pas à satisfaire certains produits.

« L’Afrique en séries »

Conçu par Canal France International (CFI) avec l’appui financier de l’Union Européenne, le programme baptisé « L’Afrique en séries », est coordonné par le secrétariat des Etats ACP, à travers sa branche culture.
Il vise à participer selon ses initiateurs, à la montée en puissance de l’industrie des séries télévisées en Afrique subsaharienne.
Trois pays ont ainsi été choisis. Il s’agit du Cameroun, du Ghana et du Burkina. Leur riche expérience en matière de production ayant sans doute plaidé en leur faveur.
Notons que le programme va s’étaler sur deux ans et inclura 12 ateliers de formation qui bénéficieront à une centaine de professionnels des pays ci-dessus cités.
Juvénal SOME

Saint Pierre Yaméogo : « J’ai été censuré par le FESPACO »


Saint Pierre Yaméogo : « J’ai été censuré par le FESPACO »



Lefaso.net : Le FESPACO s’est achevé avec le sacre du cinéaste sénégalais, Alain Gomis. Comment avez-vous vécu cette fête du cinéma ?
Saint Pierre Yaméogo : J’ai vécu le FESPACO avec tristesse. Pas parce que je suis un peu aigri mais je mepose toujours la finalité, le but et le public cible des films que je fais. Puisque je suis exclu à chaque fois que je veux prendre part à la compétition au FESPACO. Si je ne donne pas mes films, des gens trouveront que je suis apatride mais si j’en donne aussi, mes films ne sont jamais retenus. Ce qui me convainc que le FESPACO préfère les cinéastes étrangers aux nationaux. Je m’en veux pour preuve que Adjouma Somé a été membre du jury d’un festival au Maroc. Mon film « Bayiri » concourrait avec « Tey ». Il peut même confirmer que j’ai remporté le 1er prix à ce festival. « Tey » avait eu un prix d’interprétation. Mais je sens que le Burkina ne protège pas assez ses cinéastes. Car si c’était un problème de censure, je pense que le film ne devait pas sortir en salle à plus forte raison être projeté en hors compétition au FESPACO. Le faire est une insulte à un cinéaste qui a fait ses preuves dans le monde. Les organisateurs du FESPACO avaient le droit de le retenir pour la compétition ou ne même pas en tenir compte durant tout le festival. Mais ils ont mis mon film hors compétition sans raison. Le film a moins de deux ans et il n’est pas censuré. S’ils ne veulent pas me défendre parce qu’ils n’aiment pas ma tête, ce n’est pas grave puisqu’un ministre ou un délégué du FESPACO n’a pas à tenir compte de la personnalité de quelqu’un pour le censurer. J’estime que j’ai été censuré et à travers moi, c’est Apolline Traoré qui a été brimée. Parce que le « olala ! Pourquoi Apolline et pas Pierre » des gens a desservi Apolline Traoré. A cause du FESPACO, j’ai perdu. Et je ne comprends pas pourquoi le Burkina qui est la terre d’asile du cinéma et ses cinéastes ne sont pas reconnus. Ce qui est sûr, dans quelques jours, j’irai dans d’autres festivals et je pense que mes talents seront reconnus là bas.
La moisson a été maigre pour le Burkina à cette édition du FESPACO…
Oui. Je considère que le Burkina n’a pas eu ce qu’il mérite si on avait retenu beaucoup d’autres œuvres. Pour dire vrai, le prix de la meilleure interprétation féminine est un prix de compassion. Parce qu’il fallait faire quelque chose pour le Burkina, on a grouillé ce prix pour elle. Sinon elle aurait pu avoir un autre prix. Mais comme il y a eu injustice et que les gens étaient indignés, il ne pouvait que traiter Apolline en deçà de ses compétences. Les festivaliers qui sont venus dans mon espace culturel, se sont indignés du fait que le FESPACO ait rejeté mon film. Ils ont estimé qu’on avait favorisé Apolline à mon détriment. Alors que s’ils m’avaient discrètement demandé de ne pas me présenter au profit d’Apolline, je l’aurais accepté. Mais en agissant, ils nous ont-Apolline et moi-pénalisés. Je me demande bien quel argument ils pourraient avancer pour demander au gouvernement de financer le cinéma burkinabè. Cette situation me fait croire que le FESPACO est un festival à destruction massive du cinéma burkinabè. Je trouve d’ailleurs que le ministre et le délégué général du FESPACO n’ont pas fait leur travail.
Pensez-vous qu’il y ait des raisons politiques qui ont poussé le FESPACO à rejeter votre film ?
Certainement. Sinon je ne peux pas expliquer cela autrement. C’est peut-être ma personne qui ne plait pas mais je m’en préoccupe peu. On ne peut pas plaire à tout le monde. Pourvu qu’on plaise aux gens bien. On ne peut pas parler uniquement en mono, il faudra aussi le faire en stéréo. C’est ainsi qu’on fera avancer les choses. On nous pousse à parler comme des aigris. Fort heureusement que je n’en suis pas un. Je parle juste dans l’espoir de voir les choses s’améliorer. Mais j’ai honte pour le Burkina. Même Oumar Dagnon, jeune réalisateur burkinabè, dont le film documentaire a été primé à l’étranger n’a pas été retenu. Je ne sais plus quel cinéma, ils veulent promouvoir.
Quels sont les risques pour un film comme « Moi Zaphira » qui a fait une première grande sortie infructueuse au FESPACO ?
Le FESPACO est un festival de films de 2e main. Aucun cinéaste africain ne prendrait le risque de présenter son film en grande première mondiale au FESPACO. Parce que si le film échoue au FESPACO, c’est aussi fini pour la suite. Quand bien même vous remportez l’Etalon d’or, sa valeur intrinsèque est la somme de 10 millions de francs CFA qu’Alain Gomis a obtenue. Mais les lauréats dans les autres festivals sont connus et leurs œuvres sont recherchées à travers le monde. Lorsque je rencontrerai les gagnants au FESPACO dans d’autres festivals, je suis sûr de leur mettre la poussière. C’est donc un risque de présenter son film en grande première mondiale au Burkina. Les cinéastes le savent maintenant. Les réalisateurs se battaient avant pour le faire. Mais seulement après le FESPACO, personne n’en voulait. Même un cinéaste burkinabè avait son film fini mais il ne l’a pas amené au FESPACO. Il a dû inventer des raisons pour s’esquiver. Il connait aussi les risques.
Quel est le problème spécifique du FESPACO dans ce domaine ?
Les réalisateurs des autres pays pourraient peut-être prendre ce risque. Mais les Burkinabè ne le voudront pas. Parce que les autorités ne soutiennent pas les cinéastes. Les autres savent que le FESPACO est aussi un lobbying. Au point que les prix spéciaux s’achètent. Ce ne sont pas des prix qui ont de l’importance. On m’en a déjà proposé une fois. Mais ce n’est pas mon genre et j’ai refusé. Je vais taire les noms de ces personnes mais je dirai les noms au moment venu. Mais je ne crois pas que le jury de cette année ait été influencé par qui que ce soit. En parlant de la vente des prix spéciaux, je me rappelle qu’une fois j’ai démissionné d’un jury que je présidais lors d’un festival en Egypte parce que la consigne était qu’il fallait octroyer les prix bien payés aux cinéastes égyptiens et ceux qui étaient constitués seulement du trophée aux étrangers. J’ai claqué la porte sans même leur dire au revoir. Mais au Burkina, les gens font totalement le contraire. Et j’ignore si c’est parce qu’ils sont tous des cinéastes et qu’ils n’arrivent pas à produire qu’ils se comportent ou quoi.
« Tey » a remporté l’Etalon d’or de Yennega. Etes-vous d’accord avec le choix du jury ?
C’est le jury qui décide. Mais si tous les films capables de remporter l’Etalon d’or avaient été retenus, je suis sûr qu’il n’aurait pas eu ce prix. Ou même s’il l’avait eu, il aurait été content. Mais là, je ne suis même pas sûr qu’il soit content que des films qui l’avaient battu dans d’autres festivals soient rejetés pour qu’il gagne. Je suis sûr d’une chose, si « Bayiri » n’avait pas été rejeté, je ne sortirais pas bredouille.
Le jury a justifié sa décision par l’originalité du sujet…
Il est clair que le sujet est très original. Mais le traitement n’a pas été bien fait. C’est la raison pour laquelle les cinéphiles n’ont pas compris le film. En tant que professionnels, nous n’avons pas approuvé ce film. Lorsque nous l’avons vu à un autre festival, nous n’avons aimé le film et nous le lui avons dit. Pour le FESPACO, ce n’est pas le film qui devait être primé. Il pouvait avoir d’autres prix mais pas l’Etalon d’or de Yennega. Parce que les Africains ont besoin de films qu’ils comprennent. Alain Gomis est un petit frère, très poli et pour qui j’ai beaucoup de respect. J’ai eu l’occasion de lui dire que le sujet est très original pour être traité de cette façon. Je lui souhaite, du reste, bon courage pour la suite.
Des spécialistes avaient pourtant prédit pour « La Pirogue » ou « Les chevaux de Dieu »…
Parce que ce sont des films qu’on comprend facilement. « La Pirogue » est très didactique, « Les chevaux de Dieu » est très compliqué mais très actuel. Et je ne m’explique pas qu’il soit sorti bredouille à ce FESPACO. Mais c’est le Jury qui décide.
Croyez-vous que le FESPACO pourra avoir un jour le niveau du festival de Cannes ?
Jamais ! Parce qu’à Cannes, on vend des films. Un prix à Cannes te donne accès à des distributeurs. En cela, il y a un bilan des ventes qui est établi chaque année. Il n’y a aucun bilan d’acheteurs ou de distributeurs parce qu’ils ne viennent pas. Le FESPACO est un festival politique. J’ai vu un ministre, parce qu’il devait aller remettre un prix et qu’il a été refoulé par le protocole, est venu s’asseoir dans mon espace ici.                                                                                                                                                                                                       Je disais donc qu’un prix à Cannes rapportait beaucoup plus que le FESPACO. Et c’est mieux organisé là bas.
Un ministre de quel pays ?
Ce qui est sûr, il n’est pas Burkinabè et je veux bien taire le nom de son pays.
Que faut-il faire concrètement ?
Que les politiques nous laissent organiser le FESPACO. Lorsque les hommes politiques seront là, le protocole ne peut que dégager les gens pour leur laisser la place. Cela nous empêche de travailler. Si les politiques veulent s’occuper, ils ont le 11 décembre (la fête nationale du Burkina), les différentes soirées gala qui ont lieu presque toutes les semaines. Ils ne peuvent pas tout avoir. Ils n’en ont d’ailleurs pas le droit.
Jacques Théodore Balima